Dans cette vidéo, on voit pourquoi la colonisation de la Cisjordanie est véritablement une politique d’État en Israël, et comment concrètement les israéliens y dépossèdent petit à petit les palestiniens de leurs terres et de leurs ressources. On finit sur la situation actuelle, avec une des pires extrêmes-droites du monde au pouvoir.
à venir
Un des plus grands obstacles à la paix entre Israéliens et Palestiniens est sans doute la colonisation continue de la Cisjordanie – territoire palestinien – par Israël.
Alors qu’au moment de la conquête en 1967, il n’y avait presque aucun juif en Cisjordanie, il y a aujourd’hui un demi-million de colons israéliens sur ces terres palestiniennes. Plus de 14 % des habitants de Cisjordanie sont aujourd’hui des colons israéliens.
[ SOURCE : Israeli Bureau of Statistics via Peace Now, “Data – Population & Jerusalem”, 2024 ]
De loin, on pourrait croire que cette colonisation est le choix d’une petite partie de la société israélienne, des colons très religieux, très à droite, qui veulent conquérir le Grand Israël, et qui créent des colonies sous le regard complaisant de l’Etat d’Israël.
On pourrait croire qu’il “suffit” que l’extrême-droite au pouvoir en Israël soit remplacée un jour par un gouvernement plus à gauche pour mettre un holà à cette colonisation qui, au regard du droit international, est totalement illégale.
Mais cette image ne correspond pas du tout à la réalité. Il est indispensable de s’en détacher si on veut comprendre le conflit israélo-palestinien.
En réalité, la colonisation de la Cisjordanie est une véritable politique d’Etat. Israël est, depuis des décennies, un Etat colonial, qui a inventé et déployé des politiques publiques pour encourager la colonisation, et pour priver les Palestiniens de larges pans de leurs territoires et de leurs droits.
Ce que je viens de dire n’est pas un jugement personnel, une opinion politique pro palestinienne. C’est une observation factuelle, extrêmement solide.
Dans cette vidéo, on va comprendre ensemble tous les rouages de la politique coloniale d’Israël.
On va voir comment Israël a facilité la vie de ses colons, en les séparant et en les protégeant des Palestiniens, jusqu’à leur donner l’impression que leurs colonies étaient complètement intégrées au territoire d’Israël.
Pour les Israéliens, les colonies ne sont d’ailleurs pas en Cisjordanie, mais en Judée-Samarie, le nom biblique de cette région.
Et on va voir aussi comment Israël a rendu la vie impossible aux Palestiniens en Cisjordanie, particulièrement dans la zone C. La zone C c’est les 61 % du territoire de Cisjordanie qu’Israël contrôle intégralement, sans discontinuer, depuis 1967.
[ Source : B’Tselem & Forensic Architecture, “Conquer and Divide – Map”, 2018 ]
Cette zone C fait de la Cisjordanie contrôlée par l’autorité palestinienne un tas de confettis, sans aucune continuité territoriale
C’est aussi en zone C qu’Israël implante l’essentiel de ses colonies.
Je vous préviens, dans cette vidéo, vous risquez d’être étonnés, aussi bien par le droit colonial qu’invente Israël depuis des décennies que par la radicalité du gouvernement d’extrême droite actuel.
Ça va bien au-delà de ce que beaucoup imaginent. Mais trêve de teasing, attaquons nous à ces colonies.
Commençons par une base absolument indispensable. Vous le savez peut-être déjà, mais les colonies israéliennes sont toutes illégales au regard du droit international.
Même les colonies de Jérusalem Est qu’Israël a annexées en 1967 ne sont pas reconnues par l’ONU qui ne reconnaît pas cette annexion.
[ SOURCES : ONU, “Résolution 465 du Conseil de Sécurité de l’ONU”, 1er mars 1980, § 6 & ONU, “Résolution 2334 du Conseil de Sécurité de l’ONU”, 23 décembre 2016 ]
Depuis 1967, c’est simple : toutes les décisions de justice internationale ont confirmé cette illégalité. Encore en 2024, la Cour de Justice Internationale a ordonné à Israël de « mettre fin à sa présence » dans les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie et à Jérusalem.
Pourtant, au yeux d’Israël, beaucoup de colonies sont considérées comme “légales” : elles ont été validées par le gouvernement et la justice israélienne.
[ SOURCE : Israel Policy Forum for a Secure, Jewish and Democratic Israel, “West Bank Settlements Explained”, 2024 ]
Comment est-ce possible ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que jusqu’à présent, Israël n’assume pas de voler la terre des Palestiniens.
Le droit israélien a donc rivalisé d’imagination pour inventer des arguments juridiques (1) justifiant de s’approprier des morceaux de la Cisjordanie, (2) pour permettre ensuite aux colons de s’y établir “légalement”. Et vous allez voir, c’est gratiné !
Au début, Israël s’est approprié du terrain pour “des besoins militaires essentiels et urgents”.
Dans plusieurs de ces terrains “militaires”, des colonies “légales” ont été construites, comme à Kiryat Arba à Hébron, la colonie du bloc de la foi, les sionistes messianiques dont on vous a déjà parlés.
[ SOURCE : B’Tselem, “Land Grab – Israel’s Settlement Policy in the West Bank, 2002, p.46 ]
Mais en 1979, problème pour les colons : la Cour suprême israélienne déclare que ces colonies “pour raison militaire” sont illégales.
[ SOURCE : Haute Cour de Justice 390/79, “Elon Moreh”, Dweikat et al. v. Government of Israel et al., Piskei Din 34(1) via B’Tselem, “Land Grab – Israel’s Settlement Policy in the West Bank, 2002, pp.47-48 ]
Vous avez là une des raisons pour lesquelles l’extrême-droite israélienne coloniale déteste cette cour suprême. De temps en temps, elle a mis de petits bâtons dans les roues de la colonisation.
Mais pas de soucis, une nouvelle douille a été inventée pour “voler légalement” le territoire palestinien, et celle-là, vous allez voir, elle est magique.
Des juristes israéliens sont allés déterrer une disposition du droit ottoman qui date de 1858, qui disait qu’une terre qui appartient à des gens peut tomber dans le domaine de l’Etat si grosso modo, elle n’est pas cultivée pendant plusieurs années ou si elle est située trop loin des villages alentours.
[ SOURCE : Pour en savoir plus, voir : B’Tselem, “Land Grab – Israel’s Settlement Policy in the West Bank, 2002, p.51 ]
Israël s’est servi de ce vieil outil du droit ottoman pour s’accaparer des terres palestiniennes qui appartenaient à des individus palestiniens.
Personne, ni les Ottomans, ni les Britanniques, ni les Jordaniens, n’avaient interprété et appliqué ce “droit ottoman” ainsi.
[ SOURCE : B’Tselem, “Land Grab – Israel’s Settlement Policy in the West Bank, 2002, p.50 et 59 ]
Mais qu’importe, cette invention d’Israël a permis de transformer un gros quart de la zone C en terre appartenant à Israël… aux yeux d’Israël.
[ Source : B’Tselem & Forensic Architecture, “Conquer and Divide – Map”, 2018 et calcul : 913k dunnams entre 1979 et 1992 + 53k dunnams entre 1992 et 2024 = 17% de la Cisjordanie donc 27% de la zone C) ]
Et seulement aux yeux d’Israël, car bien sûr, tout ça reste 100% illégal aux yeux du droit international. Mais cette magouille “juridique” permet à Israël de prétendre respecter le droit.
Évidemment, tout ça, c’est au profit des colons israéliens, qui ont empoché 99,8% des distributions de terres tombées dans le domaine de l’Etat, contre 0,2% pour les besoins palestiniens.
[ SOURCE : Peace Now, Allocation of State Land in the West Bank—For Israelis Only, July 2018 ]
Voilà comment Israël crée des colonies “légales”, avec de très gros guillemets.
C’est important de le préciser parce qu’il existe aussi aux yeux d’Israël des colonies ILLÉGALES en Cisjordanie. Ces “avants-poste” sont des colonies créées sans autorisation gouvernementale, par exemple sur des terres privées palestiniennes.
[ SOURCE : BBC, “Extremist settlers rapidly seizing West Bank land”, 3 septembre 2024 ]
Mais ne vous inquiétez pas, légaux ou illégaux, tous les colons implantés en Cisjordanie sont traités comme des citoyens israéliens ordinaires, avec tous les bénéfices qui vont avec.
- Ils ont droit à la Sécurité sociale, à la retraite, au soutien public à l’Éducation, à des bus de ramassage scolaire. Ils sont aussi rapidement connectés aux réseaux d’eau et d’électricité.
- A vrai dire, l’Etat traite même mieux les colons que les Israéliens d’Israël. Les colons ont droit à des réductions d’impôts (aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers) , à des subventions d’implantations et les fonctionnaires qui y travaillent sont avantagés.
[ SOURCE : B’Tselem, “Land Grab – Israel’s Settlement Policy in the West Bank, 2002, chapitre 5 “Benefits and Financial Incentives”, pp.68 et sq ]
- Les colonies, même celles qui sont illégales aux yeux d’Israël, sont toutes protégées par l’armée. Pour assurer la sécurité des colons, Israël investit énormément pour construire des routes bien clôturées qui contournent les villages palestiniens, et relient les colonies à Israël.
[ SOURCE : Arte Reportage, “ Israël : les routes de l’annexion”, 6 octobre 2021 ]
La conséquence de cette politique des routes et des clôtures, c’est que, de plus en plus, les colons israéliens peuvent circuler à travers la Cisjordanie occupée en ayant le sentiment d’être restés en Israël.
[ SOURCE : DW, “Settlement incentives”, 30 décembre 2012 ]
Le conflit et l’occupation n’ont pas disparu, mais Israël fait tout pour que les colons n’y soient pas confrontés. Cette politique de “normalisation” par la sécurisation du territoire et des routes fonctionne.
De nombreux israéliens qui ne sont pas particulièrement religieux vont vivre dans les colonies parce que le logement y est moins cher, sans y perdre en qualité de vie.
Particulièrement autour de Jérusalem, un Israélien peut habiter un territoire occupé comme un Français irait habiter en banlieue de Paris.
[ SOURCE : Arte Reportage, “ Israël : les routes de l’annexion”, 6 octobre 2021
La colonisation, bien que totalement illégale du point de vue du droit international, peut être vécue par les israéliens comme un choix de vie pratique, “neutre”, et pas comme un acte politique ou religieux.
Israël projette d’ailleurs d’étendre la “barrière de sécurité” qui sépare Israël de la Cisjordanie depuis 2002.
On parle là d’une clôture de + 700 km de long avec barbelé, détecteurs électroniques, zones d’exclusion et, par endroits, même un mur de 8 mètres de haut.
Cette barrière a été déclarée illégale par l’ONU et la Cour Internationalle de justice
[ SOURCES : ONU, “Résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU – ES-10/13 – Mesures illégales prises par Israël à Jérusalem-Est occupée et dans le reste du territoire palestinien occupé, 21 octobre 2003 & Cour internationale de Justice, “Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé – Avis consultatif du 9 juillet 2004” ]
Mais ça n’empêche pas Israël de vouloir étendre cette barrière profondément à l’intérieur du territoire palestinien, notamment à autour de Jérusalem, à Ariel et Wadi Qana.
[ SOURCE : UNCAD, “Occupation, fragmentation and poverty in the West Bank”, 2024, p.10 ]
Cette politique de sécurisation/normalisation prépare l’annexion pure et simple des territoires palestiniens colonisés “en Zone C” par l’Etat d’Israël.
Pour pouvoir un jour espérer annexer des parties aussi grandes que possible de la zone C, il fallait pour Israël y limiter autant que possible la présence des Palestiniens.
Le problème, c’est que les Palestiniens en ont bien besoin de la zone C. Depuis la signature d’Oslo il y a 30 ans, la population palestinienne en Cisjordanie a plus que doublé. Les Palestiniens ont besoin de construire des habitations pour leur population.
[ SOURCE : US Census Bureau, “International Database (IDB) – West Bank”, 2025 ]
Ensuite, la zone C concentre 63% des ressources agricoles de la Cisjordanie. Il y ’a donc énormément de Palestiniens qui vivent en zone A ou B mais qui doivent pouvoir accéder à leurs champs et pâturages en zone C.
[ SOURCE : United Nations Conference on Trade and Development, The Besieged Palestinian Agricultural Sector, 2015, p.23 ]
Alors, comment fait Israël pour diminuer au maximum la présence palestinienne en zone C ?
Israël a mis en place des politiques de ZONAGE pour interdire purement et simplement aux Palestiniens de s’installer ou de développer des activités économiques ou agricoles dans une large partie de la zone C.
D’abord, les Palestiniens ne peuvent rien construire ni cultiver dans les zones militaires, qui recouvrent une grande partie des terres fertiles de la vallée du Jourdain.
[ Source : B’Tselem & Forensic Architecture, “Conquer and Divide – Map”, 2018 ]
Sauf exceptions rarissimes, les Palestiniens ne peuvent rien faire non plus sur les larges pans de terre saisis par l’Etat.
[ Source : B’Tselem & Forensic Architecture, “Conquer and Divide – Map”, 2018 ]
Bonus, Israël a aussi créé des zones de “réserves naturelles” et de “parcs nationaux” protégées, dans lesquelles les Palestiniens ne peuvent quasiment rien faire non plus.
Là l’idée est spécifiquement d’empêcher le développement agricole et pastoral.
[ SOURCES : Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OSHA) – Settlement expansion around an Israeli-declared “nature reserve”, octobre 2014 & B’Tselem & Forensic Architecture, “Conquer and Divide – Map”, 2018 ]
Mais Israël laisse ses colons s’y installer. On le voit par exemple avec la réserve naturelle Wadi Qana. Des milliers de colons sont installés en plein milieu de cette “réserve naturelle”.
[ Source Population : Peace Now; “Settlements Map 2024” ]
[ Source CARTE : Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) – Settlement expansion around an Israeli-declared “nature reserve”, octobre 2014 ]
Oui, les réserves naturelles israéliennes sont ptet un des seuls cas où on peut vraiment parler d’une écologie punitive !
Au total, des pans entiers de la zone C sont purement et simplement interdits à toute activité palestinienne
Vient ensuite la guerre de l’eau.
L’essentiel des réserves en eau potable de la région se trouve en Cisjordanie. Mais c’est Israël qui les exploite le plus, et de loin.
[Source : Fanack Water, “Water Resources in Israel”, 5 juin 2023 ]
Les accords d’Oslo prévoyaient qu’Israël se réserve le droit à 80 % des ressources en eau pompées dans les aquifères. Cette situation, déjà très inéquitable, n’est même pas respectée.
[ SOURCE : ONU -The allocation of water resources in the Occupied Palestinian Territory, including East Jerusalem – Report of the United Nations High Commissioner for Human Rights” 2021 p.5 ]
En 2014, Israël en prélevait 85%. Les Palestiniens n’arrivaient pas à prélever le quota d’eau qui leur était alloué.
[ SOURCE : ONU -The allocation of water resources in the Occupied Palestinian Territory, including East Jerusalem – Report of the United Nations High Commissioner for Human Rights” 2021 p.5 & Banque Mondiale, “Securing Water for Development in West Bank and Gaza”, 2018, Table 2 p.4 ]
Et ce n’est pas du tout le fruit du hasard. Israël met en place tout un tas de méthodes pour empêcher les Palestiniens d’accéder à l’eau.
Israël interdit aux Palestinien de creuser des puits en Zone C qui concentre la plus grande partie des sources et aquifères.
[ SOURCE : World Bank, Area C and the future of the Palestinian economy, 2014, p.12 et p. 19 ]
Et attendez, ça ne s’arrête pas là : dites-vous qu’Israël interdit même aux Palestiniens de transférer de l’eau d’une partie de la Cisjordanie à une autre.
Ça aboutit à une situation ubuesque : un tiers de l’approvisionnement en eau de la Cisjordanie est acheté à Mekorot, une entreprise israélienne qui, pourtant, pompe cette eau dans les aquifères palestiniens.
Une dinguerie !
[ SOURCES : B’Tselem, “Parched: Israel’s policy of water deprivation in the West Bank”, Avril 2023, p.12 ET ONU -The allocation of water resources in the Occupied Palestinian Territory, including East Jerusalem – Report of the United Nations High Commissioner for Human Rights” 2021 p.8 ]
Résultat: les Palestiniens de Cisjordanie n’ont pas accès aux 100 litres d’eau par personne que recommande l’OMS.
[ SOURCE : B’Tselem, “Parched: Israel’s policy of water deprivation in the West Bank”, Avril 2023 ]
Quant aux habitants des 180 villages palestiniens de la zone C qu’Israël a privé d’accès aux réseaux d’eau, ils ont à peine 26 litres d’eau par jour par personne. Un quart du minimum recommandé.
C’est ce terrible manque d’eau créé par les restrictions israéliennes qui explique que seulement 2,3% des terres agricoles palestiniennes sont irriguées.
Évidemment, ce manque d’eau plombe les rendements agricoles palestiniens.
Le Haut Commissaire des Nations Unis pour les droits humains rappelle que cette situation est bien entendu contraire au droit international qui oblige les puissances occupantes à garantir un accès à l’eau décent aux territoires occupés.
[ SOURCE : United Nations Development Programme, Agriculture in area C, 2015 p.36 & ONU -The allocation of water resources in the Occupied Palestinian Territory, including East Jerusalem – Report of the United Nations High Commissioner for Human Rights”, 2021, §70 (d), p.16 ]
Autre moyen de tenir les Palestiniens à l’écart, c’est d’utiliser le levier administratif.
Israël n’accorde quasiment aucun permis de construire aux Palestiniens en zone C, que ce soit pour des habitations ou pour des bâtiments agricoles.
Pour les logements, selon les années, ça peut être 1 permis accordé, parfois 4, ou 7. Le maximum est de 16 permis de construire pour toute la zone C en 2011. C’est vraiment pour pouvoir dire qu’ils en donnent pas 0.
Pourtant, de nombreux terrains de la zone C sont des terrains privés qui appartiennent aux Palestiniens. Israël empêche donc les Palestiniens de construire jusque sur leur propre terrain privé.
[ SOURCE : B’Tselem, Planning Policy in the West Bank, 11 novembre 2017 ]
Pour les colons, en revanche, c’est open bar, avec environ 2000 permis de construire autorisés par an.
A Jérusalem Est c’est pas mieux. Les Palestiniens n’ont droit à aucun permis de construire. Dans les années 2000, près de 85% des constructions palestiniennes étaient, de ce fait, “illégales” aux yeux du droit israélien.
[ SOURCE : Irus Braverman, “Powers of Illegality: House Demolitions and Resistance in East Jerusalem”, 2007 & B’Tselem : East Jerusalem 2019 ]
Il faut bien comprendre que quand les Palestiniens de la zone C ou de Jérusalem Est construisent un bâtiment agricole ou un logement sans permis – sans permis parce que c’est impossible d’en obtenir – alors ils vivent avec la menace de voir débarquer les bulldozers israéliens du jour au lendemain, sans aucun recours.
Juste en 2023, les israéliens ont détruit ou volé 889 “structures” palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est pour cause de “manque de permis”. Parmi ces “structures” on trouve même des écoles.
En refusant systématiquement les permis de construire, Israël se permet ainsi de détruire “légalement”, là encore, avec de gros guillemets, les constructions palestiniennes en zone C. Brutal et discriminatoire, mais efficace.
Ca, c’est les politiques coloniales officielles d’Israël. Mais l’Etat ferme aussi les yeux depuis longtemps sur les violences des colons les plus radicaux contre les Palestiniens.
D’après les accords d’Oslo, la police palestinienne n’a aucun pouvoir d’intervention en zone C, ou contre les colons en général. C’est l’armée israélienne qui est censée faire respecter le droit.
Mais les colons sont très rarement condamnés pour leurs violences contre les Palestiniens.
Un exemple.relaté dans une vidéo choquante.
[ SOURCE : ARTE Colonisation en Cisjordanie : la stratégie des collines, 25 septembre 2024 ]
Cette scène se passe en 2023. Ce colon d’une implantation illégale tire à bout portant sur un palestinien désarmé. Ça se passe sous les yeux d’un soldat israélien, qui regarde ça tranquillement, sans intervenir. Le colon peut ensuite rentrer peinard chez lui, sous la protection de l’armée.
C’est juste un exemple, mais il vous montre le niveau incroyable d’impunité pour les violences des colons.
Si vous vous posez la question, la victime a survécu après de nombreuses opérations mais d’autres ont moins de chance que lui.
D’une certaine manière, les colons des avants-postes au coeur du territoire palestinien qui brutalisent leurs voisins palestiniens, on peut dire qu’ils font le “sale boulot” pour Israël.
Ils rendent la vie impossible aux Palestiniens de la zone C, sans trop mouiller les autorités.
[ SOURCE : ARTE Colonisation en Cisjordanie : la stratégie des collines, 25 septembre 2024 ]
Et pour les soldats israéliens, c’est open bar.
L’ONG israélienne B’Tselem, qui fait un travail formidable de défense des droits des Palestiniens en Cisjordanie et qui a diffusé les images que vous venez de voir, a décidé en 2016 d’arrêter “d’accompagner les plaintes de Palestiniens devant la justice militaire” parce qu’elle “[blanchissait] systématiquement les soldats.”
[ SOURCE : Le Monde, Le bilan amer du militant Hagai El-Ad, l’Israélien qui a dénoncé « le régime d’apartheid », 28 juin 2023 ]
Là, vous commencez à vraiment comprendre à quel point Israël utilise toutes les techniques possibles pour rendre impossible aux Palestiniens d’exister en zone C, qui est pourtant leur territoire d’après le droit international.
Bien sûr, cette politique a de terribles conséquences pour les Palestiniens.
La première chose à comprendre, c’est que la Cisjordanie vit sous un régime d’occupation militaire sans discontinuer depuis 1967. Ca fera 60 ans d’occupation en 2027.
Même dans les zones qu’ils “contrôlent”, les Palestiniens de Cisjordanie sont entièrement à la merci des tribunaux militaires israéliens, et l’armée israélienne se réserve le droit d’y intervenir si elle le souhaite.
Malgré l’impulsion d’Oslo, le territoire contrôlé par les Palestiniens reste complètement morcelé, archipélisé, sans aucune continuité territoriale entre les différents îlots de “Zone A-B”
[ Source : B’Tselem & Forensic Architecture, “Conquer and Divide – Map”, 2018 ]
Pire encore : Israël restreint fortement la liberté de mouvement des Palestiniens.
Ils ne peuvent pas emprunter toutes les routes, et doivent franchir de nombreux checkpoint dès qu’ils veulent se déplacer.
[ SOURCE (info) : B’Tselem, West Bank roads on which Israel forbids Palestinian vehicles, Updaté le 31 janvier 2017 ]
La situation a encore grandement empiré depuis le 7 octobre. De nombreux villages sont coupés du monde, beaucoup d’accès aux routes ont été fermés autour des villes : se déplacer est toujours plus un calvaire pour les Palestiniens.
[ SOURCES : B’Tselem, Israel is drastically restricting movement in the West Bank since the start of the Gaza war, disrupting the lives of 2 million Palestinians, 20 mars 2024 ET +972 Magazine, Settlers and army blocking West Bank roads to Palestinians, 23 Février 2024 ]
Si les Palestiniens de Cisjordanie veulent travailler ou même simplement entrer en Israël ou dans les colonies, ils ont besoin d’un permis. Ces permis sont temporaires et délivrés par les autorités israéliennes qui, tenez-vous bien, n’ont même pas besoin de donner un motif en cas de refus.
[ SOURCE : En savoir plus, voir entre autres, Nasser Al-Qadi, “The Israeli Permit Regime: Realities and Challenges”, 2018 ]
Les Palestiniens de Cisjordanie vivent donc dans un régime de contrôle militaire, de privation de ressources et de discrimination systématique.
C’est ce qui fait dire à des ONG de référence, comme Amnesty International, Human Rights Watch, B’Tselem, et même à l’ONU que l’occupation militaire israélienne exerce un régime d’apartheid en Cisjordanie.
[ SOURCES : Amnesty International, “Israel’s apartheid against Palestinians: Cruel system of domination and crime against humanity”, 1er février 2022 && Human RIghts Watch, A Threshold Crossed. Israeli Authorities and the Crimes of Apartheid and Persecution, 27 avril 2021, && B’Tselem, “A regime of Jewish supremacy from the Jordan River to the Mediterranean Sea: This is apartheid”, 12 janvier 2021 && Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, “Rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Michael Lynk”, 12 août 2022 ]
Il y a aussi de hauts responsables israéliens qui partagent ce diagnostic, comme , Tamir Pardo, l’ancien chef du Mossad, les services secrets israéliens, qui avait été nommé par Netanyahu.
[ SOURCE : AP News, “A former Mossad chief says Israel is enforcing an apartheid system in the West Bank”, 6 septembre 2023 ]
Israël est-il un Etat d’apartheid ? Qu’est-ce que ça implique si c’est le cas ? Si ça vous intéresse, on peut faire une vidéo sur le sujet.
Mais quels que soient les termes qu’on utilise – apartheid, occupation, discriminations, oppression – une chose est claire : la politique d’Israël en Cisjordanie, et particulièrement en zone C, roule sur le droit international et sur les droits humains des Palestiniens qui y vivent.
Je dis “la politique d’Israël”, mais on peut se demander : est-ce que c’est la politique de la droite israélienne, de l’extrême-droite, ou est-ce qu’il y a une vraie continuité quand la gauche est au pouvoir ?
Quand on regarde l’évolution du nombre de colons en Cisjordanie, c’est incontestablement la continuité qui prédomine.
Qu’on soit dans un gouvernement de droite ou de gauche, la population de colons s’accroît de manière quasiment linéaire depuis 1990 jusqu’au demi million d’aujourd’hui
Du côté des nouvelles constructions dans les colonies, une petite différence existe.
Les pics de constructions ont lieu lorsque la droite est au pouvoir, même si elles ne s’arrêtent pas non plus avec la gauche : le rythme des nouvelles constructions ralentit seulement.
L’historien israélien Avi Shlaïm, a une métaphore originale pour décrire l’attitude d’Israël avec la Cisjordanie : “Israël se comporte comme quelqu’un qui prétenderait négocier de la meilleure manière de diviser une pizza tout en la mangeant”
[ SOURCE : Al Jazeera, “Head to head with Shlomo Ben Ami – Is Zionism Compatible with Democracy – Part 1”, mars 2014 ]
S’il faut chercher une différence entre droite et gauche israéliennes par rapport à la colonisation de la Palestine, c’est plutôt du côté du processus de paix qu’on va la trouver
A plusieurs reprises les gouvernements de gauche ou de centre-gauche ont négocié des plans de paix avec les Palestiniens.
On a déjà parlé des Accords d’Oslo de 93 entre Rabin et Arafat, mais à camp David en 2000 puis en 2001 à Taba en Egypte, Yasser Arafat a négocié une résolution globale du conflit avec un autre premier ministre de gauche : le travailliste Ehud Barak.
Le successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas, a lui aussi négocié avec le centriste Ehud Olmert en 2008.
Durant ces négociations, les Israéliens ont proposé de restituer jusqu’à 94 % du territoire de la Cisjordanie à un futur Etat palestinien.
[ SOURCES : Revue Confluences Méditerranée, “Compte-rendu de Miguel Moratinos sur les négociations de Taba (janvier 2001)”, Printemps 2002 ET Jewish Virtual Library, “Ehud Olmert’s Peace Offer (2006 – 2008)” ]
Si, historiquement, il est faux de dire que la gauche israélienne s’oppose à la colonisation de la Cisjordanie, il faut reconnaître que, dans les années Rabin, Barack et Olmert, la gauche israélienne a cherché, sinon à faire, du moins à proposer la paix aux Palestiniens, et cette paix passait par un très large retrait de la Cisjordanie. Toujours le même principe : Paix contre territoire.
Si vous vous demandez pourquoi ces négociations ont échoué, si les propositions israéliennes étaient sérieuses ou non, pourquoi les Palestiniens les ont refusées, et globalement pourquoi le processus de paix a échoué, on peut y consacrer une vidéo un jour.
Ça serait l’occasion de parler des débats actuels sur la solution à défendre pour ce conflit : 2 États ? 1 seul État binational ? Dites-nous si le sujet vous botte !
Mais revenons à nos moutons. A droite, même si en 2004, Ariel Sharon a accepté un retrait de Gaza pour des raisons stratégiques, le Likoud a toujours été très hostile à un large retrait de Cisjordanie, ou à la reconnaissance d’un Etat palestinien. Au nom de son nationalisme juif exacerbé, elle a au contraire accéléré et brutalisé le mouvement colonial.
Et je ne vous parle même pas des partis plus extrêmes que le Likoud, qui gouvernent aujourd’hui avec Netanyahu.
Netanyahu est dans les parages de la politique israélienne depuis les années 90 et s’est toujours montré pour les colonies et contre la paix avec les Palestiniens.
Mais à partir de 2019, il est revenu au pouvoir en faisant alliance avec des alliés toujours plus extrémistes
Vous vous rappelez d’Itamar Ben Gvir, l’huluberlu qui menaçait Rabbin quelques jours avant son assassinat ? Et bien, c’est devenu le ministre de la sécurité intérieure de Netanyahu, le ministre à la tête de la police !
Faut savoir que Ben Gvir, il a été dispensé de service militaire parce qu’il était trop radical et donc trop dangereux.
[ SOURCE : Le Monde, Ben Gvir, le mauvais génie de la droite israélienne, 3 novembre 2022 ]
Et avant de faire de la politique, il défendait les Juifs qui crachent sur des chrétiens dans la rue au nom de la tradition juive.
Oui, oui, vous avez bien entendu !
Dernière anecdote pour comprendre le personnage : Ben Gvir gardait chez lui jusqu’à récemment la photo d’un de ses héros. Qui ça ? Et bien, Baruch Goldstein, l’assassin du Tombeau des Patriarches, celui qui a massacré 29 palestiniens, dont plusieurs enfants.
[ SOURCE : Le Monde, Ben Gvir, le mauvais génie de la droite israélienne, 3 novembre 2022 ]
Autre nouveau copain de Netanyahu, Bezalel Smotrich. Lui, il a passé toute sa vie dans les colonies religieuses et a hérité du ministère des finances et de la gestion des colonies.
Il y a quelques années, en 2005, Smotrich a été arrêté par le Shin Bet, le contre terrorisme israélien. Pourquoi ? Parce qu’il était suspecté de préparer avec 4 autres personnes des attentats pour empêcher le retrait de Gaza décidé par Sharon. Les charges ont fini par être abandonnées, ce qui n’était pas gagné vu que Smotrich a été arrêté en possession de 700 litres d’essence.
[ SOURCE : Times of Israel, Jewish Home faction Tekumah selects Knesset candidates, 15 janvier 2015 ET The Jerusalem Post, “Smotrich’s vision: From yeshiva bocher to architect of West Bank settlement surge”, 3 novembre 2023 ]
En 2017, alors jeune député au Parlement israélien, Smotrich propose un plan “décisif” pour annexer entièrement la Cisjordanie et régler la question “arabe”. Sa solution ? Laisser aux Palestiniens le choix entre perdre tout et s’exiler ou bien rester en Israël, mais sans avoir aucun droit politique. Et s’ils refusent ? S’ils résistent ? Les Palestiniens, y compris femmes et enfants, seront considérés comme terroristes et seront massacrés par l’armée. Plein de charité biblique notre Bezalel.
[ SOURCE : 972 Magazine, The Israeli public has embraced the Smotrich doctrine, 10 novembre 2023 ]
Autre grande idée de Smotrich, faire de la Charia, non pardon de la Torah la source de la loi israélienne.
[ SOURCE : The Times of Israel, Smotrich says he wants to be justice minister so Israel can follow Torah law, 3 juin 2019 ]
Honnêtement, je pense qu’en France, peu de gens savent à quel point l’extrême-droite israélienne qui gouverne avec Netanyahu est ultra ultra extrême. Ils nous feraient “presque” passer Zemmour pour un enfant de cœur, c’est dire.
Netanyahu a fait alliance avec ces extrémistes mais lui aussi, avec son parti, le Likoud, propose une politique coloniale toujours plus brutale.
Netanyahu lui-même promettait, durant sa campagne de 2019, un “plan stratégique” pour annexer environ 30 % de la Cisjordanie, notamment les principales colonies et la vallée du Jourdain.
Avec ce programme et en bonus la police et la gestion des colonies aux mains de colons ultra radicaux comme Ben Gvir et Smotrich, ça sent la poudre pour la Cisjordanie.
Et ça s’est vite ressenti. Depuis 2020 et l’installation de ce gouvernement d’extrême droite le nombre de nouveaux colons implantés en Cisjordanie a explosé.
Avec 25 000 nouveaux colons, l’année 2023 marque même un maximum historique, en attendant les chiffres de 2024.
Les violences des colons se multiplient. L’ONU observe qu’il n’y a jamais eu autant d’attaques par les colons qu’en 2022 et durant la première moitié de 2023.
[ SOURCE : OCHA, Increase in settler violence: remarks provided to the press, 5 août 2023 ]
Ca veut dire que, même avant l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, le gouvernement d’extrême droite mené par Netanyahu avait déjà relancé le processus colonial.
Et n’allez pas croire que la guerre à Gaza a rendu la vie plus facile en Cisjordanie : elle s’est au contraire accompagnée d’une accélération sans précédent de la colonisation.
L’Etat israélien s’est remis à confisquer des terres en utilisant l’astuce du droit ottoman.
Et ils y sont pas allés de main morte ! Plus de terres ont été confisquées par ce mécanisme en 2024 que le total depuis l’an 2000 !!
Les destructions de logements ou de bâtiments palestiniens se sont aussi accélérées.
D’après l’ONU, 2024 marque un record historique dans les destructions et les déplacements de Palestiniens en Cisjordanie.
Les colons ont également multiplié les attaques et les violences : 1420 en 2024 d’après l’ONU, le tout dans une très large impunité. C’est un miracle qu’à côté des 500 Palestiniens tués par l’armée en Cisjordanie cette année-là, les attaques de colons n’aient fait “que” 3 morts.
[ SOURCE : Peace Now, “The Year of Annexation and Expulsion: Summary of Settlement Activity in 2024”, 6 février 2025, p.6 & ONU – Bureau de la coordination des affaires humanitaires – OCHA, Data on Casualties, consulté le 26 février 2025 ]
Pourquoi ? Parce que Ben Gvir, dans la foulée du 7 octobre, a accordé 188 000 permis de port d’arme, principalement à des colons. Et malgré cet afflux de permis sans précédent, on dénombre toujours 315 000 Israéliens possédant une arme non enregistrée.
[ SOURCE : The Jerusalem Post, “One year later, how did Ben-Gvir’s gun reform impact Israel? – analysis”, 7 décembre 2024 ]
En 2024, pour la première fois depuis la signature des Accords d’Oslo en1993, des colonies ont été établies en zone B, qui sont pourtant sous contrôle civil palestinien.
[ SOURCE : Peace Now, “The Year of Annexation and Expulsion: Summary of Settlement Activity in 2024”, 6 février 2025, p.2 ]
2024 c’est vraiment l’année des colons en Cisjordanie.
A la Knesset, le parlement israélien, les députés ont voté en Juillet une loi s’opposant fermement à la création d’un Etat palestinien, à 68 voix contre 9 seulement.
[ SOURCE : RadioJ, La Knesset vote contre la création d’un Etat palestinien à l’ouest du Jourdain, 18 juillet 2024 ]
Depuis la victoire de Trump, le ministre colon fondamentaliste Bezalel Smotrich, revient à la charge avec son projet d’annexion de territoire palestinien.
Début janvier 2025, après une attaque palestinienne contre des colons, il a déclaré vouloir réserver aux villes de Jénine ou de Naplouse le même sort qu’aux villes de Gaza.
Et ce n’était pas des paroles en l’air. Le gouvernement israélien est allé plus loin dans l’escalade L’armée israélienne a attaqué des camps de Palestiniens réfugiés depuis 1948 près de Jénine. L’armée israélienne a tout détruit sur son passage et a forcé à l’exode 40 000 personnes. Oui, ils ont transformé des descendants de réfugiés de 48 en réfugiés de 2025. Blague à part, on parle là du plus grand déplacement forcé de population depuis 1967.
[ SOURCES : Reuters, “Israeli military operation turns Jenin refugee camp into ‘ghost town’”, 4 février 2025 ; 972Mag, “PHOTOS: Israel ravages West Bank refugee camps”, 12 février 2025 & ONU – Bureau de la coordination des affaires humanitaires – OCHA, “Humanitarian Situation Update #264 | West Bank”, 13 février 2025 ET BBC, “’It’ll be a disaster’: Uncertainty for thousands forced from West Bank camps by Israeli raids”, 27 février 2025 ]
La société israélienne n’a jamais autant adhéré au projet d’annexion de territoires en Cisjordanie qu’aujourd’hui.
D’après un sondage récent, 71% des Israéliens s’opposent aujourd’hui à l’existence d’un Etat Palestinien et 68% soutiennent l’annexion d’au moins une partie de la CIsjordanie.
1 israélien sur 4 veut même annexer la Cisjordanie toute entière.
[ SOURCE : Jewish News Syndicate, 71% of Israelis oppose Palestinian state; 68% support sovereignty in J&S: poll, 2 février 2025 ]
Autre sondage qui montre la radicalisation des israéliens face aux Palestiniens : 74% des juifs israéliens soutiennent la proposition de Trump d’un nettoyage ethnique des 2 millions d’habitants de la bande de Gaza, une proposition délirante qu’on a analysée dans cette vidéo.
La fin de l’occupation de la Cisjordanie comme la création d’un Etat Palestinien semblent n’avoir jamais été aussi éloignés.
Il est temps de conclure, et de dire quelques mots sur ce qu’on peut faire, de loin, pour essayer de mettre quelques grains de sable dans la terrible mécanique qui se déploie sous nos yeux.
Avec cette vidéo, on a toutes les clés pour comprendre et expliquer la politique coloniale qu’Israël mène en Cisjordanie et à Jérusalem-Est depuis bientôt 60 ans.
Ensemble, on a vu comment, par une série de politiques délibérées, Israel s’est accaparé une part toujours plus grande de ces territoires occupés, colonie par colonie, tout en excluant au maximum les Palestiniens de leurs propres terres
On a vu les inventions “juridiques”, cache-sexe des violations du droit international, on a vu l’accaparement des ressources, de l’eau, des terres agricoles. On a vu la vie entravée des Palestiniens, peuple colonisé qui court de permis en checkpoint et subit toujours plus de violences au point qu’aujourd’hui, des voix de plus en plus importantes qualifient ce régime colonial d’apartheid.
On a vu aussi à quel point l’hypothétique Etat palestinien est, à l’heure actuelle, un confetti de territoires sans continuité, cerné et grignoté. L’autorité palestinienne qui est censée le diriger est discréditée, en position d’extrême faiblesse face au gouvernement israélien d’extrême droite qui, plus que jamais, soutient les colons.
Face à ce constat, que faire ? Une solution à deux Etats est-elle encore imaginable ? Ou faut-il, comme le proposent certains, abandonner le projet d’avoir un vrai Etat palestinien, et défendre plutôt un État unique, multiconfessionnel et démocratique qui accorderait les mêmes droits à tous, israéliens et palestiniens ?
Si vous voulez qu’on s’attaque un jour à ces questions de l’apartheid et de la solution à un ou deux Etats, dites le nous.
Une chose est certaine, il va falloir être sacrément inventifs pour sortir de la situation catastrophique que nous proposent les fondamentalistes au pouvoir dans les deux camps, et même dans les trois camps si, en plus du Hamas et de l’extrême droite israélienne, on inclut dans la balance Trump et les évangélistes américains; eux aussi partisans du Grand Israël.
A minima, une chose est sûre : tout commence par l’information.
Il faut qu’en France et en Europe, suffisamment de gens prennent conscience de ce qu’est devenu le pouvoir israélien, pour qu’une vraie pression diplomatique puisse être exercée contre l’extrême-droite religieuse au pouvoir.
Pour que les politiques coloniales israéliennes puissent être sanctionnées, pour défendre les droits humains des Palestiniens, et aussi pour redonner espoir aux partisans de la paix en Israël qui luttent courageusement contre Netanyahu et ses alliés, il faut qu’un maximum de gens soient au courant de ce qui se passe.
C’est pour ça qu’on a fait cette vidéo, pour apporter nos petites pierres à l’édifice, et maintenant, on espère que vous aussi, vous le ferez en en parlant autour de vous, en partageant cette vidéo.