Fraude sociale : ce que montrent réellement les rapports… quand on les lit
Dans cette vidéo, on va parler de la fraude sociale en faisant un petit clin d’œil aux Inconnus. On va vous présenter la différence entre le bon et le mauvais fraudeur.
Parce que oui : tous les fraudeurs ne se valent pas.
Le mauvais fraudeur, il fraude, et c’est très très grave.
Le mauvais fraudeur, il ne travaille pas, et il touche des allocs. C’est un “assisté” au RSA, un “fainéant”, un “cassos”. On le soupçonne souvent de ne pas être très blanc, pas très catholique.
Le bon fraudeur, lui, il fraude, mais c’est pas très grave.
Le bon fraudeur, c’est un petit patron, un “entrepreneur”, quelqu’un qui “a réussi”.
Le bon fraudeur, on peut le comprendre : il est étouffé par les “charges”, par les impôts “confiscatoires”.
Ça vous parle ? 🙂
Oui, en théorie, “frauder, c’est mal”. Mais en pratique, tous les fraudeurs ne sont pas logés à la même enseigne. Notre rapport à la fraude sociale s’enracine dans une longue histoire qui oppose “bon pauvre” et “mauvais pauvre”, et on va aussi parler de ça aujourd’hui.
On va regarder ensemble la réalité de la fraude sociale dans notre pays : combien pèse-t-elle ? Est-ce qu’elle est massive ou marginale ? Comment est-ce qu’on contrôle la fraude des pauvres, la fraude à la CAF ?
On va voir comment le narratif porté par la droite et de l’extrême droite d’une fraude des “assistés” qui mettrait notre système social en péril s’est imposé contre le discours de gauche qui préfère insister sur le non recours aux prestations sociales et la fraude fiscale des plus riches ou des entreprises.
Mais commençons par les bases : la fraude sociale, c’est combien, c’est quoi, c’est qui ?
Fraude sociale = fraude aux aides sociales ?
Fraude sociale vs. fraude fiscale
La fraude sociale est estimée à environ 13 milliards d’euros par an.
[ SOURCE : HCFiPS, “Lutte contre la fraude sociale : état des lieux et enjeux”, Septembre 2024, Tableau n°1 p.79 ]

13 milliards de “fraude sociale”, ça correspond à 2,2% des 590 milliards d’euros dépensés dans la protection sociale : les retraites, la santé, les aides sociales, etc.
[ SOURCE : Sécurité Sociale, “PLFSS 2023 – Annexe 3”, Décembre 2022, Tableau 8 p.29 ]
A côté des 80 à 100 milliards par an de fraude et d’évasion fiscale estimées, la gauche a raison de dire que la fraude sociale fait pâle figure.
[ SOURCES : Solidaires Finances publiques, “Quand la baisse des moyens du contrôle fiscal entraîne une baisse de la présence – Rapport du syndicat national”, Septembre 2018, p.8 & Assemblée nationale, “Gestion des finances publiques : Lutte contre l’Évasion fiscale – Rapport à la LOLF 2025 Annexe 26”, 19 octobre 2024, p.18 ]
Reste que 13 milliards de fraude sociale, ce n’est pas négligeable.
Mais attention, dans ces 13 milliards, on compte pas mal de fraudes qui n’ont rien à voir avec les “aides sociales”.
La fraude sociale, c’est d’abord une fraude d’entreprises
La fraude sociale, c’est bien plus large que ce qu’on imagine souvent. Elle inclut toutes les fraudes qui lèsent la sécurité sociale et la protection sociale.
La fraude sociale inclut donc bien les fraudes aux prestations de la CAF, les fraudes aux “aides sociales”, dont on parle beaucoup, mais aussi d’autres fraudes dont on parle beaucoup moins.
Une entreprise qui fait du travail au black et ne paye pas ses cotisations sociales à l’URSSAF, ou un professionnel de santé qui surfacture des actes à la sécu font aussi de la “fraude sociale”.
En réalité, des 13 milliards de fraude sociale, seul un tiers concerne des fraudes aux prestations sociales.
La majorité de la fraude sociale – les deux tiers même – c’est la fraude des entreprises et des professionnels de santé.
Etonnant, non ?

Dans la fraude aux prestations sociales, le gros morceau, c’est la fraude au RSA, à la prime d’activité et aux APL.
Les fraudes à l’AAH – l’allocation adulte handicapté – les fraudes à la complémentaire santé solidaire, les fraudes aux retraites et aux autres prestations sociales représentent des montants bien plus faibles.
Au total, notre “fraude de pauvres” est estimée à 4.5 milliards d’euros. Déjà moins impressionnant.
La fraude des professionnels, c’est la santé. C’est le médecin, le kiné ou l’infirmier qui surfacture à la Sécu. Ça coûte 1,2 milliard d’euros/an : presque autant que la fraude au RSA.
Mais le gros morceau de la fraude sociale, c’est la fraude à l’URSSAF – le travail dissimulé. Ca, c’est quasiment 7 milliards d’euros de perdus pour la sécurité sociale !
Oui, vous avez bien entendu : le travail dissimulé, le “travail au noir”, coûte bien plus cher à la collectivité que l’intégralité de la fraude aux “aides sociales” : 7 milliards contre 4 et demi.

Et encore, par convention, on ne compte pas dans les “fraudes à l’URSSAF” toutes les entreprises qui se trompent – ou qui trichent – sur leurs déclarations URSSAF. Pourtant, ces erreurs plus ou moins volontaires, c’est encore pas loin de 3 milliards d’euros qui manquent, et qui ne sont pas comptés ici.
[ SOURCE : URSSAF, “Dernières évaluations du manque à gagner en matière de cotisations sociales – Communication au HCFiPS”, 5 décembre 2024, p.9 ]

La fraude des pauvres, une pauvre fraude
Alors, comment interpréter toutes ces données ?
La fraude aux prestations sociales, minoritaire même au sein de la fraude sociale, représente environ 5% des montants estimés de la fraude fiscale.

En face de celle des riches et des entreprises, la fraude aux “aides sociales” ne pèse quasiment rien. Et oui, la “fraude des pauvres” et une pauvre fraude.
La fraude aux PRESTATIONS sociales, cette fraude des “assistés”], des “mauvais fraudeurs”. est à chaque fois celle qu’on met en avant dans les médias ou en politique.
Le travail dissimulé – qui forme le gros morceau de la fraude sociale, se retrouve… dissimulé. On n’en parle presque pas.
Maintenant qu’on connait les chiffres on sait que quand on entend parler de “fraude sociale”, on devrait d’abord penser aux entreprises et au travail dissimulé bien avant de penser au RSA ou aux “aides sociales”.
Peut-être que si les fraudes à l’URSSAF sont moins pointées du doigt, c’est parce qu’elles viennent de “bons fraudeurs” : des patrons d’entreprises, des auto-entrepreneurs, des “gens qui bossent”.
Quand un patron de chantier ou de resto ne déclare pas ses employés, quand un vigneron ou un producteur de fruits fait bosser des sans papiers au black, le commentaire n’est pas le même “faut les comprendre, vous savez, avec toutes ces charges, il n’ont pas le choix, et puis, c’est comme ça que ça marche, que voulez-vous”.
Jamais vous n’entendrez la même bienveillance ou la même relativisation quand on parle de la fraude des “assistés” ou des “profiteurs.”
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la focalisation et la sévérité à l’encontre de la fraude des pauvres rejoint l’histoire longue du rapport à la pauvreté.
Fraude sociale, construction d’un problème politique
Bon pauvre et mauvais pauvre
L’opposition qu’on vous a présentée entre les bons et les mauvais fraudeurs, elle s’inscrit dans une très longue histoire qui remonte au moins au Moyen-Âge : l’histoire du bon et du mauvais pauvre.
Cette histoire a été étudiée notamment par Robert Castel, dans son classique Métamorphoses de la question sociale” mais aussi par d’autres d’historiens qu’on vous mettra en source.
[ SOURCES : sur l’histoire des “bons” et des “mauvais” pauvres, voir par exemple : Robert Castel, Les Métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, 1995 & Bronislaw Geremek, La potence ou la pitié. L’Europe et les pauvres du Moyen-Âge à nos jours, 1987 & Anthony Kitts, « Bons » ou « mauvais » pauvres ? Du mendiant vagabond au pauvre secouru en Normandie orientales au XIXe siècle (1796-1914), Thèse, 2016. ]

Deux critères principaux distinguent le “bon pauvre”, à qui on doit secours et assistance, du “mauvais pauvre”, qu’il faut contrôler voire réprimer ou enfermer.
Premier critère : le “bon pauvre”, c’est le pauvre “d’ici”, alors que le “mauvais pauvre”, c’est le pauvre “d’ailleurs”. Ailleurs, ça ne veut pas forcément dire étranger. Au Moyen-Âge, pauvre d’ailleurs, ça peut vouloir dire que vous venez du village, de la province d’à côté ou que vous n’avez pas la bonne religion.
Le pauvre “d’ailleurs” est vu comme un vagabond, un vaurien, peut-être un brigand, bref : comme un danger potentiel.
En guise d’introduction, on suggère aux plus curieux cette émission de Radio France sur le traitement punitif et carcéral des “mauvais pauvres”, vagabonds et mendiants.
Deuxième critère : le “bon pauvre”, c’est celui qui mérite de l’aide parce qu’il est incapable de travailler. On pense là aux vieillards, aux enfants, aux handicapés, aux femmes en couche, voire au fou du village. Ces gens-là ne pourraient subvenir à leurs besoins sans assistance, ce sont les “bons pauvres” qui méritent l’aide de la communauté, de la paroisse, des hospices ou des philanthropes.
Par contre, celui qui pourrait travailler mais qui ne le fait pas, c’est un “mauvais pauvre”. qui ne mérite pas notre aide voire même qui doit être suspecté
Suspecter celles et ceux qui n’ont pas de travail d’être des “mauvais pauvres”, des “parasites”, des “tire aux flancs”, ça ne date donc pas d’hier.
La critique des “assistés au RSA” s’inscrit dans une histoire longue de plusieurs siècles.
Ca fait longtemps que, dès que vous n’avez pas de travail et qu’on vous juge en état de travailler, peu importe les difficultés que vous avez connues, peu importe si, là où vous habitez, il n’y a pas de taff pour tout le monde, vous pourrez être suspecté d’être une “mauvaise personne”.
Regardons maintenant comment sont nés aussi bien l’expression que le problème politique de la “fraude sociale” des “mauvais pauvres” modernes.
L’invention de la “fraude sociale” et le contrôle des “assistés”
Après les chocs pétroliers des années 70, les années 80 voient se développer en France un chômage de masse et une précarisation de l’emploi qui remettent la pauvreté et “l’exclusion” au centre de l’attention publique.
Les années 80 voient la création des Banques alimentaires et des Restos du cœur.
L’association ATD quart-monde lance des études sur les causes de la pauvreté, et lutte contre le stigmate du mauvais pauvre : on peut être valide et sans emploi sans être un tire au flanc.
[ SOURCE : Axelle Brodiez-Dolino sur Radiofrance, Épisode 1/4 : L’invention du bon et du mauvais pauvre, 2021, à partir de 24 minutes ]
L’historienne Axelle Brodiez-Dolino explique comment ce moment a abouti en 1988 à la création par le PS du RMI, l’ancêtre du RSA.

Avec le RMI, on rompt avec la philosophie du “mauvais pauvre”. On garantit un “revenu minimum d’insertion”, qui doit permettre à la personne sans emploi, “exclue” et “vulnérable” de vivre dans la dignité afin de l’aider à se réinsérer. Et c’est pas tout.
En 1990 est créé le droit au logement, renforcé en 2007 par le droit à l’hébergement.
En 1999, le gouvernement Jospin crée la CMU – la Couverture maladie universelle – avant de parachever cet accès universel au soin en 2000, avec la création de l’AME, l’Aide médicale d’État.
[ SOURCE : Axelle Brodiez- Dolino, La pauvreté comme stigmate social. Constructions et déconstructions, 2019 ]
C’est face à ces avancées de la protection sociale que s’est développé à droite, un discours pointant les abus et les fraudes des pauvres, une critique des “assistés”.
D’ailleurs, l’expression “fraude sociale” est assez récente. On pourrait croire qu’elle existe depuis longtemps, mais en réalité, elle n’a pris son envol qu’au milieu des années 2000 avec comme grand champion, Nicolas Sarkozy.
Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais Nicolas Sarkozy avait fait de la dénonciation de la “fraude sociale” un des grands thèmes de sa campagne présidentielle de 2007, une campagne axée autour de la “valeur travail”, et du “travailler plus pour gagner plus”.
C’est de la communication politique efficace : D’un côté, les bons travailleurs honnêtes et méritants. De l’autre, les assistés sans travail indignes qui trichent et vivent des aides.
A l’époque, Sarkozy n’avait pas un mot contre la fraude des plus riches et des entreprises, la fraude fiscale. Il parlait devant le MEDEF de “dépénaliser le droit des affaires”.
Début 2008, un rapport commandé par Sarkozy suggérait même à demi-mot de dépénaliser la fraude fiscale. On retrouve notre opposition entre les bons et les mauvais fraudeurs.
[ SOURCE : Spire & Weidenfeld, L’impunité fiscale. Quand l’État brade sa souveraineté, 2015, pp 37-38 ]

Une fois président, Sarkozy a continué à appuyer sur ce thème de la fraude sociale.
Il a fait d’Eric Woerth, alors ministre du budget, son “monsieur fraude” chargé de traquer en particulier la fraude sociale.
[ SOURCE : Elysée – Présidence de la République, “Lettre de mission à M. Eric Woerth sur la lutte contre la fraude et les pratiques abusives”, 11 octobre 2007 ]

C’est ironique de se dire qu’Eric Woerth – mis en examen pour corruption dans les affaires Kadhafi, Bettencourt, Tapie et l’hippodrome de Compiègne – soit LE ministre chargé de durcir le contrôle des fraudeurs à la CAF.
En 2011, à la fin de son quinquennat, Sarkozy remet à nouveau la “fraude sociale” au cœur de l’agenda politique, pour préparer la campagne de 2012.
Il passe alors par un rapport parlementaire sur “la lutte contre la fraude sociale” rédigé par le député sarkozyste des Bouches du Rhône, Dominique Tian.
[ SOURCE : Assemblée Nationale, “La lutte contre la fraude sociale – Rapport de la mission d’évaluation et de contrôle des LFSS”, Juin 2011. ]

On vous précise le nom du député parce que ce grand pourfendeur de la fraude des plus pauvres – oui parce qu’au-delà de son rapport sur la fraude sociale, il s’attaquait régulièrement à l’Aide médicale d’Etat – notre Dominique Tian est un parangon de vertu. Il a été condamné en 2019 à 18 mois de prison avec sursis, 5 ans d’inéligibilité et 900 000 euros d’amendes… Devinez pourquoi ? Pour fraude fiscale ! Il avait planqué 2 millions d’euros en Suisse ! 🙂
[ SOURCE : MarsActu, “Condamnation définitive pour Dominique Tian, ancien député et premier adjoint de Marseille”, 22 octobre 2020 et Le Monde, “Dominique Tian, premier adjoint au maire de Marseille, condamné en appel pour « blanchiment de fraude fiscale »”, 22 octobre 2019 ]
Le rapport Tian sur la fraude sociale a propulsé cette question en haut de l’agenda parlementaire et médiatique, jusqu’à la campagne présidentielle de 2012 .
Le candidat Sarkozy a surfé sur cet engouement pour rejouer la partition de 2007. Il cible régulièrement la “fraude sociale” dans ses meetings, et la présente comme un phénomène massif qui met notre système de protection sociale en péril.
Au meeting de Bordeaux en novembre 2011 il repeint tous les bénéficiaires du RSA, même ceux qui sont parfaitement en règle, en mendiants qui ont perdu leur dignité :
[ SOURCE : Présidence de la République, “Discours de Nicolas Sarkozy à Bordeaux sur la préservation du modèle social et sur la lutte contre les fraudes à la Sécurité sociale”, 15 novembre 2011, 20 ème minute ]
Bref, c’est avec Nicolas Sarkozy que la dénonciation de la “fraude sociale” assimilée à la fraude des “mauvais pauvres” pas fichus de travailler, s’est véritablement imposée en France.
Contrôler les “assistés” : évolution des politiques de contrôle
Cette focalisation sur la fraude sociale au sommet de l’Etat a eu des conséquences pour les allocataires.
Depuis 2010, la CAF produit une estimation annuelle de la fraude à ses prestations et contrôle les allocataires avec toujours plus de sévérité.
Pour cibler ses contrôles, la CAF croise ses fichiers avec ceux des impôts ou de France travail et utilise un algorithme qui cible les allocataires présentant le plus grand “risque de fraude”. Sans surprise, les plus précaires sont pénalisés.

Le Monde a documenté qu’une mère récemment séparée avec des revenus modestes a un “score de suspicion” presque 6 fois plus grand qu’un couple avec enfants aux revenus élevés.
[ SOURCES : La Quadrature du net, “Notation des allocataires : l’indécence des pratiques de la CAF désormais indéniable”, 27 novembre 2023 & Le Monde, “Profilage et discriminations : enquête sur les dérives de l’algorithme des caisses d’allocations familiales”, 4 décembre 2023 ]
La CAF scanne aussi les adresses IP qui se connectent sur son site pour traquer les connexions depuis l’étranger et les potentiels abus.
[ SOURCES : Cour des comptes, “La fraude aux prestations sociales”, Septembre 2020, p.132 & CEDH, 28 novembre 2024, Le Marrec c/ France, n°52319/22 ]
Quand un allocataire RSA est signalé par l’algorithme, il subit un contrôle sur pièce (il doit envoyer des papiers) ou sur place (des enquêteurs viennent chez lui). Durant ces contrôles, ses comptes sont passés au crible.
Dites-vous que si quelqu’un qui touche le RSA ne mentionne pas, dans sa déclaration trimestrielle de ressources un virement de 100 € de ses parents, 90 € gagnés sur Vinted en vidant l’armoire, ou 50€ empochés sur la victoire du PSG, et que la CAF l’attrape, il sera considéré comme un fraudeur, et devra rembourser les montants de RSA “indus”, plus une pénalité.
Je vous présente un cas réel de 2024, mis en exergue par le Défenseur des droits.
[ SOURCE : Défenseur des droits, “Rapport annuel d’activité 2024”, mars 2025, p.57 ]

Après un contrôle, une dame qui touchait le RSA et des APL s’est vue réclamer 3483 € d’indus et de pénalités parce qu’elle n’avait pas déclaré des revenus tirés de la vente de divers objets.
Le Défenseur des droits est intervenu, et il s’est rendu compte que la somme en question était 2 fois inférieure à celle retenue par la CAF ! En 2 ans, elle avait vendu 1713 € de livres et d’objets sur Leboncoin.
L’intervention du Défenseur des droits a permis de réduire la somme à rembourser et d’écarter une pénalité mais, aux yeux de la CAF, cette dame est restée une “fraudeuse”.
Oui oui, elle a “fraudé” l’équivalent de 70€ par mois, en omettant de déclarer qu’elle avait vendu quelques trucs sur Leboncoin pendant qu’elle était sans ressources.
[ SOURCE : Défenseur des droits, “Rapport annuel d’activité 2024”, mars 2025, p.57 ]
Ce qu’on vient de voir est très important. On imagine facilement le fraudeur comme un escroc, quelqu’un qui triche pour obtenir une aide à laquelle il n’a pas droit.
Mais la réalité de la “fraude des pauvres” est différente. La Cour des comptes note par exemple que la plupart du temps, les fraudeurs du RSA sont des gens qui avaient bien droit au RSA. Seulement, ils n’ont pas déclaré telle ou telle petite ressource, telle ou telle aide familiale, dont la prise en compte aurait fait baisser le montant du RSA.
[ SOURCE : Cour des Comptes, “Le Revenu du solidarité active – Rapport public thématique”, Janvier 2022, p. 66 ]

Le sociologue Vincent Dubois n’exagère pas quand il décrit la CAF d’aujourd’hui comme “l’opérateur central du contrôle des assistés en France”.
[ SOURCE : Vincent Dubois, “Contrôler les assistés – Genèses et usages d’un mot d’ordre”, Raisons d’agir, 2021, p.52 ]

Cette sévérité qui, honnêtement, frise parfois l’injustice, a été dénoncée par certains agents de la CAF. Pour eux, et ce sont leurs mots, la fraude aux prestations sociales relève souvent d’une logique d’“optimisation sociale”, voire de “fraude de survie”.
[ SOURCE : Vincent Dubois, “Contrôler les assistés – Genèses et usages d’un mot d’ordre”, Raisons d’agir, 2021, pp 14-15 ]
Dans le rapport qu’elle consacre au RSA, la Cour des comptes est obligée de noter que, souvent, les “fraudeurs” ne connaissent ni ne comprennent les règles qu’ils ont enfreint.
Et comment leur en vouloir ? Qui pense à déclarer 100 euros d’aide de ses parents ? Et est-ce que c’est normal que le RSA baisse de 100 euros quand un proche donne 100 euros à quelqu’un au RSA ?
En tout cas, la Cour n’a pas hésité à parler de “maltraitance administrative” en évoquant le contrôle des allocataires du RSA.
[ SOURCES : Défenseur des droits, “Rapport – Le droit à l’erreur : Et après ?”, 2019, p.8 & Défenseur des droits, “Rapport annuel d’activité 2024”, mars 2025, p.57 & Cour des Comptes, “Le Revenu du solidarité active – Rapport public thématique”, Janvier 2022, pp. 66-67]

Malgré toutes ces critiques, la CAF applique ses règles mal comprises de plus en plus strictement. Elle y est d’ailleurs incitée par des objectifs annuels de détection de fraude.
Et force est de constater que financièrement, ça marche. Entre le développement du contrôle algorithmique, et cette politique de tolérance zéro, les montants de fraude détectés par la CAF ont explosé. Ils ont été multipliés par 5 entre 2010 et 2024.

Mais pour la droite et l’extrême droite, on ne va pas encore assez loin dans le contrôle et la sévérité contre la fraude sociale.
Pour l’extrême-droite, la fraude sociale, c’est l’assisté et l’étranger
La dénonciation de la la figure de l’assisté et du “cassos” est au cœur de la vision du monde du RN et de ses électeurs.
On vous recommande à ce sujet l’enquête du sociologue Benoît Coquard sur les électeurs RN de régions rurales de l’est. Ça s’appelle “ceux qui restent” ça se lit bien, se trouve dans toutes les librairies et vous trouverez de nombreuses interviews sur Youtube ou en podcast si vous voulez aiguiser votre curiosité.

Bien sûr, au RN, la figure de l’assisté et du fraudeur est systématiquement assimilée à l’immigration. Les étrangers sont suspectés de faire du “tourisme sanitaire”, ou de venir en France pour toucher des allocs.
Ce lien étroit entre “assistanat” et “immigration” dans la tête des électeurs RN, il ressort très clairement d’une autre étude sociologique passionnante, celle de Félicien Faury.
Je vous conseille vraiment son livre, Des électeurs ordinaires, Enquête sur la normalisation de l’extrême droite, pour comprendre le rôle du racisme dans le vote RN.
Et pareil si vous voulez un avant goût y’a tout un tas d’entretiens vidéos et de podcasts où Faury présente les enseignements de son enquête sur le RN.
[ SOURCE : Félicien Faury, Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite, 2024 ]

Mais ces dernières années, le RN est loin d’être seul. En plus de Zemmour, la droite LR reprend largement à son compte ce discours qui associe dans une même dénonciation “fraude “ “assistanat” et ’“coûts de l’immigration”.
Si vous écoutez un discours récent de Laurent Wauquiez sur ces thèmes-là, bonne chance pour jouer au jeu des 7 différences avec un discours du RN.
[ SOURCE : BFMTV, Immigration, « assistanat », « train de vie de l’État »: les trois mesures de Laurent Wauquiez pour « améliorer » le budget de François Bayrou, 16 juillet 2023 & Le Figaro – Youtube, “Immigration, État de droit, souveraineté… Laurent Wauquiez face à Mathieu Bock-Côté”, 6 mai 2025, particulièrement 35ème minute et sq. ]
Mais là, il faut quand même se poser une question : comment justifier d’insister AUTANT sur la fraude aux prestations, sur la “fraude des pauvres”, quand ses montants estimés – environ 4,5 milliards / an – font pâle figure face à la fraude à l’URSSAF des entreprises, et encore plus face aux 80 à 100 milliards d’euros/an de la fraude fiscale ?
Et bien il faut gonfler les chiffres, persuader les gens que la fraude sociale est largement sous-estimée, qu’elle coûte en réalité non pas 4-5 milliards, mais des dizaines de milliards d’euros. Et si en plus on peut associer cette fraude aux étrangers, c’est encore mieux.
Et là, il y a un nom qui s’impose, celui de Charles Prats.
Un temps magistrat à la lutte contre la fraude, Charles Prats prétend depuis des années que la fraude aux prestations sociales est gravement sous-estimée, qu’elle pèse jusqu’à 50 milliards d’euros, 11 fois plus que les 4,5 milliards estimés par la CAF.

Pour arriver à cette somme délirante, il invente 8 millions de fraudeurs étrangers, en interprétant d’une façon bien personnelle des chiffres issus de rapports officiels.
Problème : après vérification, ses interprétations sont fausses et ses chiffres chocs sont bidons. A chaque fois, ses grandes “révélations” finissent par être largement debunkées.
Dites-vous que même le très droitier magazine Le Point a expliqué à ses lecteurs que Charles Prats n‘était pas du tout crédible.
[ SOURCES : Le Point, 50 milliards de fraude sociale ? La genèse d’un mythe, 22 février 2022 & Libération, Checknews, Fraude : est-il vrai que la France compte plus de 75 millions d’assurés sociaux pour 67 millions d’habitants ?, 30 Novembre 2021 ]
Pourtant, si ce n’est pas déjà fait vous risquez fort de tomber un jour sur le “lanceur d’alerte” Charles Prats. Pourquoi ?
Parce ce que Charles Prats est le chouchou de toute une galaxie de médias de droite extrême et d’extrême droite : il est invité et réinvité à l’infini sur les médias Bolloré, bien sûr, comme Cnews, mais aussi sur Valeurs actuelles, à Sud Radio chez Bercoff , TV libertés, Radio Courtoisie, j’en passe et des pires.
En politique, la droite LR, Zemmour et le RN reprennent volontiers ses estimations farfelues pour prétendre que la fraude des pauvres coûte presqu’autant que celle des riches.
Pour la droite et l’extrême-droite, un discours qui avance que la fraude aux prestations sociales est énorme et due à des étrangers est bon à relayer, même s’il est faux.
En 2024, Charles Prats s’est carrément présenté aux législatives comme candidat RN-LR, avec Ciotti.
[ SOURCE : Nouvelobs, Polémique autour du juge Charles Prats, candidat RN-LR qui a posé en robe de magistrat sur ses tracts électoraux, 2 juillet 2024 & Mediapart, “Charles Prats, magistrat « cow-boy » et « incompétent », se rêve en ministre de Bardella”, 5 juillet 2024 ]
Bref, si vous voyez passer des estimations de fraude qui viennent de ce personnage, sachez que la crédibilité à leur accorder est proche du niveau de la mer : zéro.
Maintenant qu’on comprend bien le jeu de la droite et de l’extrême-droite, voyons ce qui se passe à gauche.
Fraude sociale : le traitement de gauche marginalisé
La gauche subit largement l’insistance de la droite sur le contrôle des allocataires et la fraude aux aides sociales.
A l’Assemblée, ses tentatives d’imposer le sujet du “non recours aux prestations sociales” peinent à prendre. Il n’est mentionné que dans 2 % des interventions concernant la fraude sociale.
[ SOURCE : Vincent Dubois et Marion Lieutaud, “La « fraude sociale » en questions La naturalisation d’une thématique politique au prisme des questions à l’assemblée nationale (1986-2017)”, 2020, p.21 ]

Il s’agit pourtant d’un sujet majeur. Selon la dernière enquête sur le sujet, un tiers des foyers éligibles au RSA n’y a pas recours. Ca représente 3 milliards d’euros [750 millions / trimestre * 4] de RSA non versés en 2018.
[ SOURCE : DREES, “Mesurer régulièrement le non-recours au RSA et à la prime d’activité : méthode et résultats”, Février 2022, Tableau 8 ]

Cette même année, la fraude à l’ensemble des prestations sociales de la CAF était estimée à 2.3 milliards d’euros.
[ SOURCE : Cour des comptes, “La Sécurité sociale 2023 – Rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale”, Tableau n°23 p.243 ]
Vous avez bien entendu ! Le non recours au seul RSA représente plus d’argent que la fraude à l’ensemble des prestations de la CAF.
Le non recours au RSA est aussi un drame social. Tout le but du RSA c’est d’éviter que les personnes ou les familles qui n’ont pas ou très peu de ressources vivent dans la misère. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne.
Le RSA est la prestation qui réduit le plus l’intensité de la pauvreté.
[ SOURCE : DREES, “Les trois quarts des bénéficiaires du RSA sont pauvres monétairement”, Juillet 2023, Tableau 1 et 3 pp.4 et 6 ]

Un tiers de non recours au RSA c’est au moins 600 000 foyers qui risquent de rester dans la grande pauvreté.
[ SOURCE : DREES, “Mesurer régulièrement le non-recours au RSA et à la prime d’activité : méthode et résultats”, Février 2022, Tableau 8, p.36 ]

Le non recours au RSA et aux autres prestations sociales d’ailleurs, devrait être une priorité politique.
Maintenant, parlons de la fraude sur laquelle insiste le plus la gauche, la fraude fiscale.
Lutte contre la fraude fiscale : des progrès ?
Déjà, un fait qui nous a fait bondir de notre chaise. En 2025, l’Etat ne produit toujours pas d’enquête pour estimer la fraude fiscale, alors qu’on le fait depuis 15 ans pour la fraude sociale.
Malgré les demandes répétées de la Cour des comptes, on navigue toujours au doigt mouillé, dépendant notamment des estimations du syndicat Solidaires Finances publiques.
[ SOURCE : Le Monde, La Cour des comptes presse l’exécutif de chiffrer la fraude fiscale, 15 novembre 2023 & Cour des Comptes, “La détection de la fraude fiscale des particuliers “, Décembre 2023, p.11 ]

Pourtant, c’est tout à fait possible de le faire. Les Etats-Unis le font, comme la majorité des pays riches.
[ SOURCE : Cour des Comptes, “La Fraude aux prélèvements obligatoires : Évaluer, prévenir, réprimer”, Novembre 2019, , pp.11 et 14 ]
La France est à la traîne, alors qu’on parle de 80 à 100 milliards/an de perdus.
[ SOURCE : Solidaires Finances publiques, “Quand la baisse des moyens du contrôle fiscal entraîne une baisse de la présence – Rapport du syndicat national”, Septembre 2018, p.8 ]
Alors certes, la fraude fiscale n’est pas aussi invisibilisée que le non recours aux prestations sociales.
A la faveur des scandales – comme le scandale Cahuzac en 2013 – et des divers leaks ou papers – la lutte contre la fraude fiscale a gagné en moyens.
Je pense notamment à la création du Parquet national financier qui, s’il n’est pas spécifiquement dédié à la fraude fiscale, a donné des moyens judiciaires et des moyens d’enquête sur la criminalité financière.
N’exagérons pas non plus, comme le dit devant le Sénat Fabrice Arfi – le journaliste de Mediapart à l’origine des révélations sur la fraude fiscale de Cahuzac – les services de police chargés de lutter contre la grande délinquance financière et fiscale manquent encore terriblement de moyens.
[ SOURCE : Sénat, “Commission d’enquête sur la délinquance financière – Audition de Fabrice Arfi”, 4 mars 2025, 66ème minute ]

Ce manque de moyens se retrouve dans les montants de fraude fiscale détectée.

En euros constants, on détecte toujours moins de fraude fiscale en 2023 que dans les années 2010-2017. Malgré un léger mieux à partir de 2020, la présidence Macron représente bien un recul dans la lutte contre la fraude fiscale.
La comparaison avec la fraude sociale est terrifiante. Alors qu’en euros constants, on détecte 3.3 fois + de fraude sociale aujourd’hui qu’en 2010, la détection de la fraude fiscale, elle, végète.

Si vous voulez qu’on s’attaque un jour à la question de la lutte contre la fraude fiscale, dites-le nous ! On se fera un plaisir de voir pourquoi les montants collectés stagnent, qu’est-ce qui a été fait depuis Cahuzac, ce qui n’a pas été fait, et surtout, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour récupérer une plus grande partie de ces dizaines de milliards.
Mais pour aujourd’hui, il est temps de conclure sur la fraude sociale, et sur la fraude des pauvres.
Conclusion :
On met souvent un signe égal entre la “fraude sociale” et la “fraude des pauvres” : la fraude aux prestations sociales, la fraude aux “allocs”.
Pourtant, la fraude sociale, qui pèse 13 milliards d’euros/an, c’est d’abord – et pour les 2 tiers – du travail non déclaré des entreprises [ 7 milliards ] et des professionnels de santé qui surfacturent la sécu [ 1,2 milliards ].
La fraude aux prestations sociales, celle qui est souvent présentée comme très coûteuse par la droite et l’extrême-droite, représente en réalité seulement ⅓ de la fraude sociale, autour de 4,5 milliards d’euros/an.
C’est pas rien du tout, mais ce n’est qu’environ 5% du montant de la fraude fiscale, la “fraude des riches”, qui est estimée entre 80 et 100 milliards d’euros/an.
Bref, la “fraude des pauvres”, qui concerne des petites sommes, est une pauvre fraude. Mettre sur le même plan la fraude des pauvres et la fraude des riches, la fraude aux “aides sociales” et la fraude fiscale, ce n’est pas honnête. C’est même une imposture.
Bien sûr, dans la vie de tous les jours, vous avez plus de chances de croiser un galérien qui fraude un peu le RSA en ne déclarant pas tel ou tel petit revenu qu’un multimillionnaire qui planque son fric à l’étranger, comme le faisaient Jérôme Cahuzac et Dominique Tian.
Mais pourtant, la fraude des riches, peu visible, est celle qui coûte le plus cher à la collectivité, celle qui prive de ressources précieuses nos services publics.
Quand une seule Liliane Bettencourt dissimule 100 millions d’euros à l’étranger pour ne pas payer d’impôts, il en faut des fraudes aux APL ou aux RSA pour coûter aussi cher.
Autre point important à retenir : contrairement à ce que certains imaginent, les contrôles de la CAF sont nombreux, et avec le développement des algorithmes, ils sont de plus en plus efficaces. Ils ont aussi tendance à cibler plus durement les plus précaires.
Problème : pour le Défenseur des Droits comme pour la Cour des comptes, ce contrôle des pauvres touche parfois à la maltraitance administrative.
Ce qui est appelé “fraude” est parfois questionnable. Est-ce qu’il faut baisser le RSA de quelqu’un qui touche 50 balles d’aide de sa famille ou qui a vendu une paire de pompes 50 balles sur vinted ? Bien curieux d’avoir votre avis là-dessus.
Nous ça nous choquerait pas qu’il y ait par exemple un seuil en dessous duquel on accepterait que l’aide des proches ou quelques micro revenus puissent s’ajouter au RSA.
On comprend maintenant qu’une partie des 4,5 milliards de “fraude” aux prestations sociales ressemble bien plus à de la débrouille à de “l’optimisation sociale” pour reprendre les mots de certains agents de la CAF, qu’à de l’escroquerie pure et simple.
Mais presque personne ne parle des abus que peut créer le “contrôle des assistés” [ ré-afficher bouquin Dubois ] Même le phénomène massif du non-recours aux aides sociales est rarement évoqué, alors que c’est des millions de gens qui pourraient bénéficier d’aides et qui n’en profitent pas.
Aujourd’hui, le narratif qui domine est celui qui vient de la droite et de l’extrême-droite : c’est la critique des “assistés” et des “mauvais fraudeurs”, qu’il faudrait contrôler toujours plus, en attendant de pouvoir carrément supprimer leurs droits, surtout quand il s’agit des étrangers.
Les enjeux politiques de ne narratif sont très importants : si beaucoup de gens pensent que la protection sociale est un panier percé, que la fraude aux “aides sociales” est massive, alors la tentation peut être grande pour ces gens-là d’accepter de casser la protection sociale, en commençant par en exclure les étrangers et les “cassos”.
C’est pour ça qu’il est extrêmement important de rétablir les faits, de savoir que la fraude aux aides sociales est extrêmement controlée et reste limitée, qu’elle est même inférieure au non-recours, et qu’elle est très faible en regard de la fraude des plus riches et des entreprises : la fraude fiscale, et la fraude à l’URSSAF.
On a fait cette vidéo pour rendre toutes ces infos accessibles et partageables.
Si vous avez des questions, des remarques, des critiques, n’hésitez pas. Y a plein d’infos qu’on a pas pu mettre dans cette vidéo, il en reste sous le capot 🙂
Sur le RSA et ses règles par exemple, il y a beaucoup à dire. On pourrait un jour faire un focus sur cette aide souvent critiquée comme le symbole de “l’assistanat”.
Si ça vous dit, dites le nous !