Une dette publique qui n’en finit pas de croître
La dette publique représente la somme des dettes contractées par toutes les administrations publiques : l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales.
La dette de l’Etat, autour de 2300 milliards d’euros, représente environ 80 % de la dette publique totale. Ces 2800 milliards d’euros de dette représente 113 % du PIB français.
L’Etat ne “rembourse” jamais à proprement parler sa dette. Il la fait “rouler”. Il emprunte à Paul pour rembourser Pierre. L’Etat peut agir de la sorte pour deux raisons principales. Il est immortel et, de plus, avec la croissance économique et l’inflation, la valeur de la dette qu’il réemprunte diminue d’années en années. Voici ce que représentent jusqu’en 2021, en pourcentage de PIB, 200 milliards d’euros empruntés en 2005.
Paradoxe : une dette bien plus grosse nous coûte bien moins cher
Chaque année, une partie du budget de l’Etat est allouée au paiement des intérêts de la dette. Combien de milliards ça représente ?
Là, c’est surprenant : depuis 2011, la dette nous coûte de moins en moins cher. De 48 milliards d’intérêt par an, on est passé à 31 milliards en 2021 sur la dette de l’Etat et de 60 à 38 sur la dette publique en général.
On comprend donc qu’on puisse vivre, en ce moment, le paradoxe suivant : notre pays n’a jamais été aussi endetté mais, pourtant, la dette publique nous coûte de moins en moins cher chaque année.
Comment expliquer ce paradoxe ? Comment la dette peut-elle nous coûter moins chère en étant plus grosse ? Ça parait complètement fou. La raison principale de ce petit “miracle”, c’est la chute du taux d’intérêt auquel on emprunte.
Au milieu des années 1990 quand l’Etat faisait un emprunt à 10 ans, il payait autour de 8% d’intérêt dessus. Ce taux a baissé petit à petit, pour passer en dessous de zéro en 2020-2021.A chaque fois que l’Etat fait rouler sa dette, à chaque fois qu’il réemprunte à Paul pour rembourser Jacques, l’Etat paye de moins en moins d’intérêts.
Depuis 2015, et à la suite des spéculations sur l‘euro et les dettes de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne, etc., la BCE a demandé aux banques centrales nationales de racheter, sur les marchés financiers, des titres de dettes publiques. Concrètement, la banque de France va racheter à la BNP, à un fond de pension californien, à Blackrock ou à qui vous voulez des morceaux de dette française.
En France par exemple, ces rachats ont été massifs. De 2015 à avril 2022, la Banque de France a racheté la moitié de toute la dette publique française émise durant cette période.
Avec ces rachats de la Banque de France, la “demande” de dette publique française a augmenté, l’Etat trouve donc encore plus facilement des gens pour lui prêter de l’argent et, mécaniquement, le taux d’intérêt auquel il emprunte baisse
La conséquence de ces rachats massifs : c’est qu’en 2021, 22% de la dette publique française est détenue par la Banque centrale française, la Banque de France.
Si on excepte ces 22% de dette publique que l’Etat se doit à lui-même, via la Banque de France, on voit que le stock de dette publique n’a pas augmenté depuis 2014, malgré la crise covid.