Le dollar : monnaie hégémonique du commerce mondial
Le poids du dollar dans les échanges internationaux dépasse de beaucoup celui des Etats-Unis dans le commerce mondial.
Cela se voit clairement sur ce graphique.

On y voit que 51.9 % des transactions international se réglaient en dollar en 2014. Ce chiffre est en augmentation.
Et quand on regarde plus finement, au niveau des pays, c’est encore plus frappant.
Les pays en développement, en particulier, font presque tout leur commerce en dollar.
C’est le cas d’un pays aussi grand que l’Inde. 86% des importations et des exportations de l’Inde sont réglées en dollars. Alors que seule une toute petite partie du commerce de l’inde se fait avec les US, 5% pour les importations et 15% pour les exportations.
Ca donne un premier avantage évident aux US. Pour faire leur commerce international, les US peuvent utiliser leur monnaie nationale à eux. Dites vous que 93 % des importations américaines sont réglées directement en dollars. Pratique !
Le dollar : monnaie de réserve du monde entier
L’autre fonction d’une monnaie de référence mondiale, c’est d’être la monnaie de réserve du monde entier.
On le voit très bien quand on regarde de quelles monnaies sont composées les réserves de change des banques centrales. Pour le savoir, il faut se pencher sur les statistiques du FMI, que nous avons ici compilées pour les quatre premiers mois de 2019.

On y voit que, quand les banques centrales veulent stocker de la valeur, elles utilisent à 61.8 % le dollar. La seconde monnaie, l’Euro, est loin derrière et ne représente que 20.2% des réserves.
Le privilège exorbitant : un déficit commercial éternel
Etre la monnaie mondiale de référence donne un immense avantage à l’économie américaine.
Ce “privilège exorbitant”, c’est d’avoir un déficit commercial colossal. Les données de la Banque mondiale pour l’année 2018 sont sans appel.

On voit sur ce graphique que les Etats-Unis ont un déficit commercial de plus de 600 milliards de dollars en 2018. Ca veut dire qu’ils importent et consomment beaucoup beaucoup beaucoup plus de biens et de services qu’ils en exportent. Les USA sont le seul pays du G20 à pouvoir se permettre un tel déficit.
Le pire, c’est que cette situation dure depuis un moment. Les statistiques de la Banque mondiale sont, une fois encore, implacables.

On voit sur ce graphique que le déficit commercial américain est permanent depuis les années 80 et il a même explosé depuis la fin des années 90.
Les Etats-Unis ont pu maintenir un tel niveau de déficit pendant plusieurs dizaines d’années parce que le statut de monnaie de référence mondiale soutient la demande de dollar bien au-delà de la place du commerce US dans le monde et permet ainsi à l’oncle Sam d’accumuler des déficits sans que sa monnaie et, in fine, son économie n’en souffre.
Si vous voulez approfondir ce mécanisme d’économie monétaire internationale, nous vous conseillons cette vidéo LIMPIDE de “Des économistes et des hommes”. Elle est extrêmement claire et nous a été très utile pour construire notre vidéo.
L’histoire de la domination du dollar
J’ai beaucoup galéré à trouver des articles en accès libre pour “sourcer” l’histoire de la monnaie américaine.
Après de longues recherches, j’ai trouvé cet article qui a le mérite d’être clair et exhaustif.
Il montre bien le tournant qu’a représenté la suspension de la convertibilité du dollar en or, décidée unilatéralement par Richard Nixon le 15 août 1971.
Après cette fin de la convertibilité or, le dollar pouvait filer “librement”. La mondialisation commerciale et financière qui a commencé à partir des années 80 a encore accéléré ce mouvement.

Ce graphique montre que le commerce international a augmenté beaucoup plus vite que le PIB à partir des années 80. Cette explosion du commerce s’est accompagnée d’un accroissement de la demande de dollar.
La mondialisation financière, qui a dérégulée la finance mondiale et permis d’immenses transferts de capitaux, a également soutenu la demande en dollar, particulièrement sous la forme de titres de dette publique et privée américaine.
Ces deux facteurs ont fait exploser la demande en dollar et ont donc permis le “privilège exorbitant” des Etats-Unis : vivre à crédit, pour des centaines de milliards de dollars, au frais du reste du monde et ce, de manière permanente.