Nucléaire VS 100% renouvelable : ce qu'il faut savoir pour choisir - Osons Comprendre

Nucléaire VS 100% renouvelable : ce qu'il faut savoir pour choisir

Quel doit être le futur électrique de la France de 2050 si on veut une France neutre en carbone ? Quels sont les coûts et les risques du 100 % renouvelable ou du nouveau nucléaire ? Un nouveau rapport donne des réponses importantes pour nous faire notre avis.

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Points clés

  • Le rapport RTE “Futurs électriques 2050” sorti fin octobre 2021 est un document exceptionnel pour réfléchir à notre système électrique compatible avec l’objectif de neutralité carbone 2050 fixé par la loi. Ce rapport a été élaboré après une consultation de plusieurs mois avec toutes les parties prenantes – chercheurs, industriels, associations, experts indépendants, instances publiques – et propose 6 scénarios, 6 mix électriques différents tous décarbonés et assurant la sécurité d’approvisionnement électrique du pays dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui.

 

  • Parmi ces 6 scénarios, une moitié envisage la construction de nouvelles centrales nucléaires : il s’agir des scénarios “un quart nuke”, “un tiers nuke” et “moitié nuke”, renommés par nos soins en fonction de la part du nucléaire dans la fourniture d’électricité en 2050. Les 3 derniers scénarios s’appuient sur un système électrique 100% renouvelables. Le “100 % renouvelables 2050” arrête la dernière centrale nucléaire en 2050, les deux autres n’éteignent l’EPR de Flamanville qu’en 2060. Ces deux derniers scénarios se distinguent selon l’installation des énergies renouvelables. Le scénario “100 % renouvelables 2060 Toitures” les installe autant que possible là où l’opposition est la plus faible et privilégie par conséquent les panneaux solaires installées sur les toits des maisons. Le scénario “100 % renouvelables 2060 Grands parcs” lui installe les énergies renouvelables là où c’est le plus efficace et le moins cher et privilégie ainsi les grands parcs solaires et éoliens.

 

  • Comment départager ces 6 scénarios et choisir l’avenir électrique de notre pays ? Le climat n’est pas un critère : tous ces scénarios aboutissent à des émissions de gaz à effet de serre de l’électricité très faibles et compensées. Autre critère environnemental, la consommation de ressources et de surfaces. A cet égard, les scénarios construisant de nouvelles centrales nucléaires sont avantagés – et plus il y a de nouveaux EPR moins le scénario consomme de cuivre, de béton, d’aluminium et d’espace. Cela dit, l’écart avec les scénarios 100 % renouvelables n’est pas immense sauf pour un cas. Le scénario “100 % ENR 2060 Toitures” consomment significativement plus de surfaces que les autres car il mobilise de nombreux panneaux solaires.

 

  • Un critère important pour départager ces scénarios est incontestablement le coût. Si le KWh électrique provenant des ENR est moins cher que celui des nouvelles centrales nucléaires, il n’en va pas de même lorsqu’on considère le coût complet du système électrique. Le coût complet inclut les coûts de construction, de maintenance des infrastructures et du réseau, il inclut aussi, pour l’énergie nucléaire, la gestion et le stockage des déchets ainsi que le démantèlement et pour les systèmes intenses en ENR il inclut également les moyens de flexibilité nécessaires à l’équilibre du système électrique lorsque les éoliennes et les panneaux solaires produisent peu ou pas du tout. Le rapport RTE indique que le coût complet annuel des scénarios avec nouveau nucléaire est inférieur à ceux des scénarios 100 % renouvelables d’autour de 10 milliards d’euros. 10 milliards d’euros par an, ce n’est pas négligeable. RTE étudie certaines variantes de coûts qui, à une exception, donnent toutes un avantage de plusieurs milliards d’euros au scénario “Un tiers nuke” sur celui “100 % ENR 2060 Grands parcs”. Niveau coût : avantage nucléaire.

 

  • Cela dit, le coût ne fait pas tout. Il faut aussi considérer les risques de chaque scénario. Regardons d’abord le “risque climat”. Ce risque pèse surtout sur les centrales nucléaires. Les centrales nucléaires en bord de mer peuvent être menacées par la montée des eaux. Seulement, même en cas de réchauffement climatique extrême ( +4° en 2100) le niveau de la mer n’aura pas grimpé de plus d’un mètre à la fin du siècle. Depuis Fukushima, les centrales nucléaires sont armées pour faire face à ce bouleversement. Les centrales en bord de fleuves peuvent elles être menacées par les sécheresses et les canicules. En effet, la loi les oblige à arrêter leurs réacteurs lorsque l’eau qu’elles rejettent va trop chauffer l’aval du fleuve par rapport à l’amont et ainsi bouleverser la vie aquatique. RTE a montré, avec l’aide des modèles climatiques de météo France, que ces arrêts de centrales resteront limités. Le principal risque climat sur lequel insiste RTE c’est les périodes longues d’absence de vent.

 

  • Autre risque : le risque de ne pas être en capacité de produire assez d’électricité. Les scénarios de RTE sont construits pour atteindre une consommation électrique de 645 TWh en 2050. Cette hypothèse est plus basse que celle de nos voisins européens. Il se pourrait donc que la France ait besoin de plus d’électricité pour parvenir à se passer du charbon, du pétrole et du gaz fossile qu’on utilise aujourd’hui. RTE propose donc une variante de consommation électrique plus élevée : 752 TWh. Une telle consommation électrique est inatteignable pour le scénario “100 % ENR 2050” qui pousse déjà les rythmes d’installation d’éoliennes et de panneaux solaires à leurs maximums. Les scénarios “100 % ENR 2060” parviennent à assurer ce niveau de consommation mais ne peuvent pas faire plus. Les scénarios avec du nouveau nucléaire sont mieux armés pour faire face à une consommation électrique plus élevée : grâce aux nouveaux EPR ils n’ont pas besoin d’installer solaire et éolien à des rythmes effrénés.

 

  • Enfin derniers risques à considérer, les risques technologiques. RTE identifie un risque pour les scénarios 100 % ENR : les centrales “thermiques décarbonées », fonctionnant à l’hydrogène vert, nécessaires pour produire de l’électricité quand solaire et éolien sont au plus bas durant plusieurs jours. Aujourd’hui, nous ne disposons pas de moyens de production et, surtout, de stockage de l’hydrogène dans de telles proportions. Si jamais ce thermique décarboné est trop cher, insuffisant ou, pire, impossible, les scénarios 100 % ENR seront obligés d’utiliser du gaz fossile. RTE identifie un risque pour les scénarios utilisant beaucoup de nucléaire : l’incapacité à produire assez vite les EPR nécessaires. Il faudra donc choisir rapidement de les construire sous peine de condamner purement et simplement les scénarios “Un tiers” ou “Moitié nuke”. Enfin, il demeure le risque d’un accident nucléaire majeur. RTE ne modélise pas ce risque mais inclut une toute petite partie de leurs coûts, les polices d’assurances d’EDF, dans les coûts complets des scénarios.

 

  • Après avoir détaillé les critères de choix et les risques associés à chaque scénario qui vous permettent de vous repérer et de faire votre choix, nous nous permettons de donner notre avis sur cette question épineuse. Je vous laisse le découvrir en vidéo.

 

Sources et références

Le rapport RTE

 

Voici le lien vers le rapport RTE “Futurs électriques 2050” sorti fin octobre 2021.

Nous vous invitons à vous reporter aux sources citées dans le montage de la vidéo sous la forme « Titre du chapitre – page ». Les chapitres sont livrés à part par RTE ainsi que le montre la page ci-dessous :

 

 

Les liens externes