Population mondiale : l'explosion qui vient ? - Osons Comprendre

Population mondiale : l'explosion qui vient ?

L'humanité a mis 200 000 ans pour atteindre le milliard d'individus et seulement 200 ans pour approcher des 8 milliards. La population mondiale est-elle hors de contrôle ? Faisons le point sur la démographie planétaire.

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Points clés

  • La population mondiale ne va pas augmenter à l’infini. Elle va se stabiliser parce que tous les pays passent par ce qu’on appelle une “transition démographique”.

 

  • Une transition démographique se fait  en plusieurs étapes. D’abord la mortalité infantile diminue mais le nombre d’enfant par femme reste élevé. Durant cette phase de transition que la population explose. Mais ce n’est que transitoire.

 

  • Parce qu’ensuite le nombre d’enfants diminue pour converger vers une famille à 2 enfants – qui survivent tous les 2. On arrive à un nouvel équilibre où chaque génération remplace la précédente, mais sans avoir plein d’enfants qui meurent. C’est plus sympathique 🙂

 

  • Une fois cet équilibre de 2 enfant par femme atteint, la population continue d’augmenter. C’est la phase de remplissage. Les enfants en plus de la phase d’explosion vont vivre, grandir, et vieillir, et la population augmente encore alors que le nombre d’enfants n’augmente déjà plus.

 

  • C’est au début de cette phase de remplissage que le monde arrive aujourd’hui. On est déjà descendu de plus de 5 enfants par femme en 1946 à seulement 2,4 en moyenne en 2019. Et ce chiffre continue de baisser année après année.

 

  • Seule une petite grappe de pays n’ont pas achevé leur transition démographique. Ils ont passé la première phase de chute de la mortalité infantile mais ont encore beaucoup d’enfants par femmes. Ces pays se situent surtout dans le Moyen Orient en guerre et en Afrique subsaharienne.

 

  • Même si ces pays vont “naturellement” suivre les autres, leur transition démographique peut être accélérée par la paix, le développement économique, la sécurité alimentaire, et – très important – la scolarisation des femmes et le planning familial.

 

  • Accélérer fortement la transition démographique dans le Moyen Orient en guerre et en Afrique subsaharienne permettrait de stabiliser la population mondiale en dessous de 11 milliards en 2100 projetés par l’ONU.  La population mondiale pourrait alors plafonner à 9-10 milliards d’individus.

Sources et références

La population a explosé surtout avec la baisse de la mortalité infantile

 

Pour comprendre pourquoi la population mondiale a explosé, il faut comprendre les deux équilibres démographiques et la transition entre les deux.

 

La transition démographique décrit le passage d’un équilibre où la fécondité et la mortalité infantile sont toutes les deux élevées (beaucoup d’enfants par femme et beaucoup d’enfants décédés) à un équilibre, franchement plus sympa, où deux parents donnent naissance à deux enfants qui, grâce à la chute de la mortalité infantile, survivent et deviennent parents à leur tour.

 

L’explosion de la population se produit dans l’intervalle. Pourquoi ? Parce que, dans tous les pays du monde, la chute de la mortalité infantile a lieu avant la baisse du nombre d’enfants par femme.

 

Cela se vérifie très bien dans le graphique suivant.

 

Sur ce graph, tiré de deux articles du site Ourworldindata (ici pour la population mondiale, et là pour la mortalité infantile) compilant les données de l’ONU et de la Banque Mondiale, on voit très bien qu’au cours du XXème siècle, la chute de la mortalité infantile a précédé l’explosion de la population mondiale.

 

C’est la première phase de la transition démographique.

 

Durant celle-ci, les familles continuent de faire beaucoup d’enfants mais ces derniers ne meurent plus. La population augmente beaucoup durant cette première phase de transition.

 

 

L’équilibre des “2 enfants par femme”

 

 

La seconde phase de la transition démographique est la chute du nombre d’enfant par femme. Il s’agit du moment où les populations s’approchent de l’équilibre des 2.1 enfants par femme qui permet de renouveler la population.

 

Le monde est en train d’achever cette phase de déclin du nombre d’enfants par femme.

 

C’est très bien illustré par l’animation que nous avons tiré du site Gapminder.

 Cliquez sur l’image pour accéder à l’animation 

 

L’animation montre tous les pays du monde de 1800 à 2019. Les pays s’animent selon deux axes : en abscisse, le nombre d’enfant par femme et en ordonnée le nombre d’enfants décédés avant l’âge de 5 ans pour 1000 naissances.

 

Je vous invite très chaleureusement à cliquer sur l’image pour vous rendre sur le site Gapminder et à faire jouer l’animation.

 

Vous y verrez que, pour tous les pays du monde, la mortalité infantile décroît en premier puis, petit à petit, le nombre d’enfant par femme diminue.

 

Le cas d’un pays illustre parfaitement cette logique. Il s’agit du Liban. Voici comment la fécondité et la mortalité infantile du Liban ont évolué.

 

Le double mouvement apparaît clairement. Jusqu’à 1960, la mortalité infantile a baissé et le nombre d’enfant par femme est resté stable. Une fois cette chute achevé, le nombre d’enfant par femme s’est mis a décliné rapidement pour se maintenir autour d’1.7 enfant par femme à partir des années 2000.

 

Dans le monde, la transition démographique est pratiquement achévée. En 2019, le nombre d’enfants par femme dans le monde était de 2.4 et la mortalité avant 5 ans n’était que de 3.8 %.

 

Le monde s’approche donc de l’équilibre : deux parents donnent naissance à 2.4 enfants qui, sauf rares exceptions, survivent tous.

 

Seuls quelques pays dans le monde n’ont pas achevé leur transition démographique et conserve, malgré une mortalité infantile qui a beaucoup décru, un grand nombre d’enfants par femme. Il s’agit, ainsi que nous le montre l’animation Gapminder, de pays d’Afrique subsaharienne ou de pays en guerre.

 

 

Le pic enfant ou “peak child”

 

Une autre manière de percevoir que le monde s’apprête à achever sa transition démographique, c’est de regarder comment va évoluer le nombre d’enfant sur terre.

 

Si le nombre d’enfant se stabilise, alors, la population mondiale aura atteint un équilibre. Sur le graphique suivant, on peut constater qu’on s’approche de ce pic, le “peak child” comme disent les anglophones’

 

Ce graphique montre l’évolution du nombre d’enfants de moins de 5 ans (en bleu) et de moins de 15 ans (en vert) dans le monde de 1950 à 2015. Les deux courbes se prolongent ensuite (en pastel) pour montrer les projections des deux grandeurs de 2015 à 2100 selon les calcul de références du World population prospects de l’ONU.

 

On y voit que le nombre d’enfant de moins de 5 ans a déjà plafonné et que les moins de 15 ans plafonneront peu de temps après.

 

Nous avons donc une seconde confirmation que la population mondiale se dirige vers un équilibre.

 

Vers 11 milliards d’humains en 2100 ?

 

 

Maintenant, regardons comment va évoluer la population mondiale totale selon les projections du World population prospects de l’ONU  Les voici représentées par la ligne rouge de ce graphique.

 

On y voit que la population mondiale va continuer à augmenter jusqu’à atteindre près d’1.2 milliards d’individus en 2100.

 

Il faut remarquer que le rythme d’augmentation va être de moins en moins soutenu à mesure qu’on approchera de la fin du siècle. Pourquoi ?

 

Tout simplement parce qu’une fois le “pic enfant” atteint, la population mondiale ne va augmenter que par “remplissage”, c’est-à-dire par vieillissement des enfants issus de la phase d’explosion de la population. Hans Rosling, le statisticien fondateur du site Gapminder, décrit très bien cette phase de remplissage dans sa conférence TED (soustitrée en français) que nous vous recommandons.

 

 

Peut-on stabiliser la population sous les 11 milliards ?

 

 

Il est envisageable de stabiliser la population mondiale sous les 11 milliards. Pour cela, il faudrait faire mentir les projections de l’ONU en accélérant la transition démographique dans les quelques pays, principalement en Afrique, qui connaissent toujours une fécondité élevé malgré une importante décrue de la mortalité infantile.

 

Les méthodes pour faire baisser le nombre d’enfants par femmes sont connues. Les deux piliers sont l’éducation (et principalement la scolarisation des filles) et le planning familial.

Bien sûr, aucune chute de la fécondité n’est envisageable si la sécurité alimentaire et une relative prospérité économique ne sont pas assurées aux familles.

 

Si de telles politiques d’éducation et de planning familial sont mises en œuvre, il est envisageable d’accélérer la chute du nombre d’enfants par femme.

 

Un prestigieux centre universitaire autrichien, le Wittgenstein Centre for Demography and Global Human Capital, propose des projections pour imaginer l’efficacité de ces politiques démographiques. Voici ici leurs projections médianes pour 2100.

 

On voit sur ce graphique la différence entre les prévisions “optimistes” du Wittgenstein center (en vert) et les prévisions “standards” du World population prospects de l’ONU (en rouge).

 

Si des politiques d’éducation et de planning familial sont mises en œuvres rapidement, il est possible que la population de l’Afrique en 2100 se stabilise autour des 2.6 milliards (et non des 4.4 milliards). Grâce à cet effet colossal, la population mondiale pourrait, selon ces mêmes prévision “optimistes”, ne pas dépasser les 9 milliards d’individus en 2100.

 

Si vous vous intéressez aux moyens d’accélérer la chute de la fécondité et la transition démographique, voici un article universitaire complet et clair qui fait le tour des différentes options disponibles, des évolutions historiques et de leur efficacité.

 

 

La conférence de Hans Rosling sur religion et démographie.

 

 

Dans la vidéo, nous faisons référence à une conférence TED de Hans Rosling où il aborde l’épineuse question du lien entre « religion » et « comportement démographique ».

 

Nous vous invitons à regarder cette conférence pour vous convaincre que, non, la religion n’a rien à voir avec le nombre d’enfants par femme. Mais je n’en dis pas plus, Hans Rosling est tellement clair qu’il vaut mieux le laisser parler 🙂